Le 4 juillet 2008, Ingrid Betancourt, libérée deux jours auparavant après plus de six ans de captivité aux mains des F.A.R.C. en Colombie, fait son retour en France. À son arrivée à l’aéroport de Villacoublay, elle est accueillie par Nicolas Sarkozy, puis reçue à l’Élysée.
Le contexte
Depuis plusieurs décennies, la Colombie est confrontée à une violence persistante, principalement attribuable aux narcotrafiquants qui contrôlent le trafic de cocaïne. Parallèlement, l’État colombien, souvent entaché par la corruption, lutte contre les cartels de Bogota et de Medellin. Depuis les années 1960, le pays fait également face aux actions violentes de plusieurs guérillas d’extrême gauche. Ces groupes cherchent à canaliser le mécontentement paysan contre l’État et les propriétaires terriens, tout en s’opposant à l’influence américaine.
Le Mouvement du 19-Avril, ou M-19, formé en 1970, a été la guérilla la plus influente avant de déposer les armes en 1990. L’Armée de libération nationale (E.L.N.), de tendance castro-guévariste, constitue également un autre acteur majeur. Enfin, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (F.A.R.C.), fondées en 1964 et actives dans les zones rurales montagneuses, mènent des actions violentes de type marxiste-léniniste.
Les affrontements entre l’armée colombienne et les guérillas ont régulièrement causé de nombreuses pertes humaines. Une trêve a été observée entre les F.A.R.C. et le président colombien Andrés Pastrana de 1999 à 2002, mais les violences ont repris par la suite. Des groupes paramilitaires d’extrême droite, démobilisés en 2006, ont également émergé pour combattre les guérillas, utilisant des méthodes violentes similaires.
Dirigées par Manuel Marulanda, les F.A.R.C. se sont principalement distinguées par leurs enlèvements d’hommes politiques, de propriétaires terriens, d’industriels et de militaires en Colombie. L’un des enlèvements les plus marquants est celui de la sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt le 23 février 2002. Candidate écologiste à l’élection présidentielle colombienne prévue en mai de la même année, elle est capturée après la rupture des négociations entre les F.A.R.C. et le président Andrés Pastrana, suite à des incidents incluant le détournement d’un avion et l’enlèvement du sénateur Jorge Gechen Turbay. La décision d’entrée de l’armée colombienne dans la zone démilitarisée de Caguan intensifie la situation.
En réponse à cet enlèvement et à l’escalade de la violence, Alvaro Uribe est élu président avec une plateforme de lutte intransigeante contre la guérilla. Sous son mandat, les affrontements entre les F.A.R.C. et l’armée colombienne deviennent particulièrement violents, marqués par des attentats et des enlèvements. Uribe refuse toute négociation directe pour la libération des otages détenus par les F.A.R.C., adoptant une stratégie militaire stricte.
La libération, une fin de calvaire pour l’ancienne candidate présidentielle de Colombie
Simultanément, en France, une mobilisation intense se développe pour obtenir la libération d’Ingrid Betancourt, avec des actions associatives et médiatiques notables, notamment l’affichage de son portrait sur la place de l’Hôtel de Ville à Paris. Le gouvernement français mène également une campagne diplomatique auprès de la Colombie et d’autres États sud-américains pour encourager des négociations avec les F.A.R.C.
Finalement, le 2 juillet 2008, après une opération soigneusement planifiée, Ingrid Betancourt, ainsi que plusieurs autres otages dont des soldats colombiens et des Américains, sont libérés par l’armée colombienne. Cette réussite opérationnelle est saluée comme un triomphe pour Alvaro Uribe, soulignant l’affaiblissement des F.A.R.C. après la mort de leur chef historique Manuel Marulanda en mars 2008 et la libération précédente de certains otages sous la médiation du président vénézuélien Hugo Chavez. Ingrid Betancourt est accueillie avec jubilation à Paris le 4 juillet 2008 par le président français Nicolas Sarkozy, mettant fin à plus de six ans et quatre mois de captivité.